Jerome Poulalier

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Si le Koweït est synonyme de pétrole et évoque la guerre du golfe, la division daguet ou l'opération « Tempête du désert » dans l’inconscient collectif, qu'en est-il de son histoire, de son patrimoine, de son architecture ? Dans ce pays où plus de 90% de la population vit à la capitale et où la démolition de nombreux sites historiques prend une ampleur telle que bientôt, aucune trace de l'histoire ne restera érigée, Koweit City laisse place à encore plus de bâtiments neufs, centres commerciaux immenses et autres business centers. 2021 marquera le 60ème anniversaire de l’indépendance du pays et le 30ème anniversaire de la fin de la guerre du Golfe.

(Mention  honorable- Monovisions Photography Awards 2020). Le Palais de Sheikh Abdullah Al-Jabir est touché de plein fouet par l’invasion irakienne . Le diwan échappe au vaste plan de destruction de la vieille ville qui intervient dans les années 1950, conçu pour accorder l’urbanisme avec l’image d’un pays considéré à l’époque comme le plus moderne du Golfe. Il devient ainsi l’un des derniers bâtiments historiques du pays, et profite de l’engouement croissant pour le passé du Koweït qui, après son indépendance en 1961, cherche un ancrage historique.

Muhammad Hussein Nasrallah Marafi, fondateur de la Marafi Hussainiah

Une Hussainiah est un lieu typique pour célébrer des événements religieux, en particulier liés au deuil de Muharram. Différent d'une mosquée, une Hussainiah peut également être un lieu d'hébergement de passagers et de pèlerins.

Son Altesse l'émir Cheikh Jaber Al-Ahmad Al-Jaber Al-Sabah - le treizième émir de la famille Al-Sabah et troisième dirigeant du Koweït après son indépendance - reste l'un des dirigeants les plus aimés et distingués du Koweït. Il est surnommé le «berger de la communauté». Son portrait est aujourd’hui encore très largement diffusé, comme dans ce palais abandonné qui appartenait à l'un de ses ancêtres

Le palais Fahad Al Salem est l'un des rares complexes résidentiels historiques situés au cœur de Koweït City. En 2018, le gouvernement approuve la cession de la propriété au ministère de la Santé en vue de démolir le complexe pour construire une extension de parking à l'hôpital Amiri. Pour préserver le patrimoine du pays, le NCCAL (Conseil national koweïtien de la culture, des arts et des lettres) fait jouer son droit de propriété en débutant une restauration complète du bâtiment il y a 2 ans.

La construction du palais est un exemple typique de l'architecture du Koweït du début des années 1950, période d'épanouissement du pays bénéficiant des revenus issus de la première vague d’exportation pétrolière de 1948.


Les tours du Koweït sont le point de repère le plus important sur la route du Golfe au Koweït. Ils ont été conçus par l'architecte danois Malene Bjorn et inaugurés le 26 février 1977. L'eau est contenue sous une forme sculpturale qui imite les bouteilles de parfum traditionnels arabes. Le projet est devenu un symbole de la ville et de l'État du Koweït avec ses immenses sphères accrochées à des tours pointues.

Une diwaniah est un événement courant de la vie sociale des classes aisées du Koweït. Le nom tire son étymologie de la section dédiée à l’accueil et au divertissement des invités dans les tentes bédouines.

Dans des salles dédiées de leurs maisons, les grandes familles koweïtiennes reçoivent chaque semaine leurs invités et leur offrent le thé avant d’entamer de multiples débats, individuels ou collectifs. Pierre angulaire des relations sociales dans le pays, mais aussi et surtout des négociations politiques et commerciales, les diwaniah sont à l’origine de nombreuses rencontres et décisions stratégiques. Depuis plus de 250 ans, elles marquent le pouls du développement du pays, permettant une communication rapide et la recherche de consensus dans un contexte formel mais bienveillant

Construite dans les années 1950, la rue Fahad al-Salem est la première rue commerçante du Golfe. Surplombés par 4 étages d'appartements, les rez-de-chaussée d’une trentaine de bâtiments en béton se composent de restaurants, magasins de tissus ou revendeurs de marques étrangères.

Dans les années 80, les étages sont rapidement convertis en bureaux après avoir été jugés peu propices à la vie familiale et les magasins sont abandonnés pour de meilleurs emplacements dans des constructions plus récentes.

En plein coeur de Koweit City, le complexe résidentiel Al Sawaber complex est un triste exemple de ce qu'il peut arriver au patrimoine koweitien.

Avec plus de 500 appartements au total, le complexe résidentiel Al Sawaber a été démoli en 2019 à la demande du ministère des Finances. Construit en 1981, Al Sawaber était une construction relativement récente imaginée initialement comme un modèle de vie collective. Participant à façonner la modernisation de l'architecture koweïtienne, elle incorpore des techniques ancestrales permettant l'isolation et la protection contre le soleil d'été et les tempêtes de sable. Malgré la volonté des communautés locales qui s'associent et tentent de sauver le complexe en manifestant pour sensibiliser l’opinion publique à l’importance du patrimoine urbain, 70% des locataires sont rapidement évacués et relogés. Le manque d'entretien et l'augmentation de la valeur des terres conduisent à la démolition, bien que le gouvernement n'ait jamais exprimé de vision claire pour l'avenir de la zone hyper-centrale. Le complexe a aujourd'hui complètement disparu et laisse un vide de 25 hectares en plein cœur de Koweït City.

M. Gholom Jafar Mohammad Ashkanani possède un des cinq magasins de dattes dans le souk traditionnel de Koweït City appelé Mubarakiyeh.

La maison d'Amin, célèbre domaine au cœur de la ville de Koweït, est maintenant abandonnée parce que trois familles en proclament la propriété et l'affaire est restée ouverte pendant des années en raison de sa complexité unique. Les toits se détériorent mais la maison, construite en béton au lieu de briques de terre traditionnelles, reste un symbole important du patrimoine et de l'innovation koweïtienne.

Plus d'images et textes disponibles sur demande. 


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Série sélectionnée en finale du Prix Levallois 2020. Plus d'infos ici


Photo du palais disponible sur la boutique

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